Car, bien qu’extrêmement prolifique, elle reste en dehors de la scène artistique. Un portfolio est publié dans un magazine photo et deux expositions en galerie ont lieu au début des années 1970. Puis plus rien. Pourquoi n’est-elle pas allée plus loin ? A quoi étaient destinées ses créations ? Comment gagnait-elle sa vie ? Le voile commence à peine à être levé.
Revenons en 1973. Kali se remarie avec un avocat et part au sud de Malibu. Elle poursuit inlassablement ses « photo-peintures », ses développements expérimentaux dans la nouvelle piscine, ainsi que ses observations surnaturelles. Passionnée par les ovnis et autres apparitions extraordinaires,
elle avait commencé sa quête obsessionnelle lors de virées nocturnes en voiture, embarquant ses enfants à travers le désert de Palm Springs, tentant de capturer lumières et formes inexpliquées. Le FBI se souvient de ses appels…
Une monomanie qui s’intensifie à la mort de son époux, en 2000. Kali vit de plus en plus recluse. Ses seuls visiteurs : des ratons laveurs et des pumas. Ne sortant quasiment plus, elle photographie en boucle les bandes vidéo issues des caméras de surveillance qui entourent sa maison, classant et dessinant compulsivement dans des cahiers ce qu’elle perçoit quand le jour s’efface.
Coupée de sa famille depuis des années, souffrant de démence et de la maladie de Parkinson, elle est hospitalisée en 2017. Informée de la situation par les médecins, Susan revient alors s’occuper de sa mère. A la mort de celle-ci, deux ans plus tard, le tri de la maison débute. Aidée de son ex-mari, le photographe Len Prince, la fille de Joan Archibald archive son incroyable fonds photographique – dont la propre famille de l’artiste ne soupçonnait pas l’existence. Des milliers de documents accumulés sur près de cinq décennies, pour certains déjà tirés, d’autres dormant encore dans des rouleaux…
La suite : ce coffret couvrant toute l’œuvre de Kali, une exposition dans une galerie new-yorkaise* qui sera suivie d’une large rétrospective au Columbus Museum of Art, dans l’Ohio, prévue en mai 2022, et la création d’un site Internet, KaliArtography.com. On parle alors d’une « Vivian Maier de la côte ouest ». Des archives découvertes fortuitement, une célébrité posthume : le parallèle peut être tentant d’un point de vue marketing mais s’avère bien trop simpliste.
La majorité des archives de l’artiste a été acquise par l’Emory University à Atlanta, en Géorgie. Des centaines d’autres rouleaux auraient été jetés par erreur par des nettoyeurs. Peut-être referont-ils surface un beau matin… dévoilant un nouveau chapitre du mystère Kali.
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